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les 36 stratégies(2)

17 Juillet 2005 Publié dans #enseignements tactiques

"Se défaire d’une brique
pour attirer le jade"

 

 Utiliser un appât
(ou l’équivalent)
pour faire une grosse prise.

 

 Abusez l’ennemi avec des faux-semblants. Punissez la naïveté juvénile (ou le jeune naïf).*

 

L’expression est tirée de l’histoire de deux poètes de la dynastie Tang. A cette époque le célèbre poète Zhao Xia était sur le point d’aller visiter Suzbou, la ville des jardins, dans le sud. Le poète Chang Jian l’apprit, il se douta que Zhao ne manquerait pas de s’arrêter au Temple Ling Yang (Temple de la Pierre Pensante), il s’y rendit alors le premier et écrivit deux vers sur un des murs. Lorsque Zhao Xia arriva à son tour et vit les deux vers de Chang, il en écrivit deux autres complétant ainsi le poème. Il est généralement admis que les deux derniers vers étaient de loin supérieurs aux premiers de Chang Jian. Ainsi on dit de ce dernier qu’il s’est "défait d’une brique pour attirer le jade. De nos jours l’expression à toujours la faveur de ceux qui veulent paraître modeste. Par exemple une personne à qui on demande de parler en premier dans une réunion pourra dire, dans le sens de la modestie, qu’elle va "se défaire d’une brique pour attirer le jade."

 

Dans un contexte militaire, la brique et le jade font référence respectivement aux feintes et aux véritables manœuvres. Pour employer une autre expression populaire qui parle de l’astuce consistant à "faire passer des yeux de poissons pour des perles." Tout d’abord, le général offre à l’ennemi un appât, qui peut être un faible détachement de troupes, des chariots de provisions peu gardés, ou quelque troupeau de bœufs ou de chevaux qui semblent sans protection. Appâté par un gain aisé, l’ennemi avancera pour capturer le leurre. Ainsi le général aura gagné l’initiative en manœuvrant l’ennemi comme il l’entendait et déjà la bataille sera à moitié gagnée avant même d’avoir commencé.

 

"Pour prendre des bandits
d’abord prendre leur chef "

 

 Vise le cheval en premier afin d’atteindre le cavalier.

 

 Briser la force principale de l’ennemi et capturer les chefs pour anéantir tout l’ensemble.

 

Le dragon contraint de se battre sur le sol est dans une impasse.*

 

Cette expression est issue d’un poème du poète Tang Du Fu :

 

"Pour dessiner un arc, dessines-en un qui soit puissant
Pour choisir des flèches, prends celles qui sont longues
Pour atteindre des cavaliers, atteint d’abord leurs montures
Pour prendre des bandits, prends d’abord leur chef."

 

Le terme de bandit est ici un nom d’emprunt pour désigné les forces ennemies qui après la capture de leur chef s’éparpilleront et s’enfuiront. Quand vous combattez un tel ennemi, vous pouvez vous contenter de prendre le meneur et ses compagnons succomberont.

 

Le plus souvent, le quartier général de l’ennemi est situé à la position la plus favorable. Dans le but de vaincre un semblable adversaire, vous pouvez détruire d’abord ses forces armées. Une telle intervention n’est pas souhaitable mais souvent nécessaire en temps de guerre, vous pouvez pourtant l’éviter quand il arrive que le centre de l’adversaire soit situé à un point faible. En cherchant une brèche dans la ligne de défense ennemie, vous pouvez contourner ses bastions fortifiés et attaquer sa base principale par un chemin détourné. Après la capture du commandant adverse, ses subordonnés seront plus capables de se battre par eux-mêmes.

 

 "Retirer le feu de sous le chaudron"

 

 Prive l’adversaire de ressources avant de l’attaquer,
va à la racine, prend des mesures radicales,
fait une cure complète.

 

 Eviter une confrontation de puissance avec l’adversaire et chercher à affaiblir sa position à l’image du lac et du ciel.*

 

Il doit être complètement fou l’homme qui essaye de faire bouillir de l’eau en ôtant et en reposant le chaudron dans l’âtre. Un général qui se jette la tête la première sur un ennemi plus puissant commet le même genre d’erreur avec des conséquences bien plus graves. Ainsi cette stratégie enseigne qu’il ne faut pas rechercher l’engagement avec l’adversaire avant d’avoir réussi à déduire sa puissance de combat, principalement en sapant le moral de ses troupes.

 

 "Troubler l’eau
pour prendre le poisson"

 

 Les poissons semblent perdus
et désabusés dans les eaux troublées,
ainsi ils deviennent des proies faciles.

 

Crée une situation de panique et de chaos,
l’adversaire ne pourra ainsi ni penser ni voir clair
et ne saura comment se conduire
dans un moment de tension extrême.

 

 Tirer avantage des dissensions internes de l’ennemi et faire usage de sa faiblesse et de son manque de jugement.*

 

Un élément habituel dans les opérations offensives : la surprise, peut être issue de la duperie envers l’ennemi aussi bien que par la mobilité de vos propres troupes. Un commandant prévoyangt comprend cela, en général la duperie peut-être employée mais vous ne pouvez vous y fier absolument. A savoir que vous pouvez espérer gagner un avantage si la ruse fonctionne, mais vous devez être préparé à l’idée qu’elle échoue. Cependant, vous pouvez vouloir prendre un risque plus grand si les forces ennemies subissent des désordres causés par des luttes internes ; alors vous serez en mesure de planifier une attaque-surprise qui dépendra uniquement de la duperie.

 

Un des usages typiques de cette stratégie est d’habiller vos forces avec l’uniforme de l’ennemi, de pénétrer à l’intérieur de son territoire et d’attaquer son point vulnérable.

 

 "Le scarabée d’or opère sa mue"

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                       Quand tu t’échappes, fais-le très secrètement sans que cela se sache.
Construit un faux bastion afin de dissuader l’ennemi d’attaquer,
alors retire-toi discrètement en laissant un nid vide.

 

                                    

 

Maintenire à l’intérieur la forme originelle et adopter au dehors une posture originale, ainsi les alliés n’auront pas de doutes et les ennemis ne bougeront pas. Soumission et instabilité mènent au déclin.*

 

A une certaine distance, la dépouille du scarabée ressemble au scarabée lui-même. Celui qui cherche à capturer un scarabée peut être distrait par la dépouille pendant que le scarabée s’enfuit. Ainsi cette maxime met en valeur une méthode d’évasion : maintenir l’apparence de l’inaction pendant que l’on agit en secret.

 

A la guerre, la retraite n’est pas plus aisée que l’avancée. Une armée qui fait retraite est exposée à une attaque sur ses arrières ; le repli peut se transformer en débandade si les forces supérieures de l’ennemi poursuivent leur offensive. Par conséquent, il faut mettre sur pieds une "retraite-surprise" en se repliant dans un mouvement brusque et en même temps maintenir l’apparence de l’inaction.

 

Dans un sens plus large cette stratégie requiert que vous fassiez usage de faux-semblants pour préserver le secret de vos manœuvres militaires.

 

"Verrouiller la porte
pour capturer les voleurs"

 

 Pour détruire complètement un adversaire faible, ne laisse aucune porte de sortie pour qu’il ne s’échappe pas. Utilise l’encerclement complet. Si tu laisses un adversaire, même faible s’enfuit, il risque de revenir par la suite.

 

 Précipiter la chute d’un ennemi moins nombreux dans un piège sans issue. Il n’est pas favorable de poursuivre.*

 

Lorsque de retour chez-vous, vous vous apercevez qu’un voleur s’est introduit par effraction dans votre maison, vous pouvez soit : rester en retrait pour le laisser partir avant d’appeler de l’aide, soit, refermer la porte sur lui pour couper sa voie de fuite et entrer ensuite pour le capturer.

 

Avec la première stratégie vous avez une petite chance de capturer le voleur même si vous devez ensuite engager l’aide de nombreuses personnes. Mais si vous pensez être capable de traiter vous-même Ave lui, ou si une aide rapide est à portée de main, vous devez adopter le second plan, pour prendre les bandits sur le fait.

 

Pour appliquer cette stratégie à la guerre, il est primordial de s’assurer avant tout si l’ennemi est grand ou petit (faible ou fort). Bien-sûr, cela signifie la puissance de combat autant que le nombre de soldats. Le mot voleur ou bandit désigne une petite unité qui mène des opérations sporadiques de type guérilla. Grâce à sa petite taille, elle possède une mobilité et une vitesse hors du commun, pouvant ainsi saisir toutes les opportunités d’harasser son adversaire. La stratégie conseille l’encerclement puis l’annihilation comme meilleure méthode pour traiter une telle force de guérilla. Une application typique consiste à laisser la porte ouverte, attirer les voleurs dans la maison et verrouiller la porte pour les capturer.

 

Par exemple, après avoir appris le projet ennemi d’une attaque de nuit contre votre camp, vous pouvez retirer vos troupes et laisser le campement vide. Lorsque l’ennemi y entre, vous conduisez vos hommes à barrer tous les cotés et à former un encerclement serré. Vous pouvez aussi utiliser une armée-appât pour mener l’ennemi vers une embuscade qui n’admette aucune issue.

 

"S’allier avec les pays lointains
et attaquer son voisin"

 

 Des adversaires distants peuvent être des alliés temporaires. Essaie de ne pas avoir trop d’ennemis en même. Une autre expression familière prévient que "l’eau lointaine ne convient pas pour éteindre l’incendie proche." Le danger immédiat doit être traité le premier. S’il n’y a pas de court terme, inutile d’en chercher un long.

 

 Quand la situation est bloquée et les possibilités restreintes, cherchez le profit à proximité et maintenez le danger au loin. Le feu au dessus du lac.*

 

Dans l’ancienne période des royaumes combattants, Qin émergea comme l’état le plus puissant et entreprit de détruire ses rivaux afin de gagner le contrôle de toute la Chine. Bien que supérieur en force à chacun des autres états, Qin n’était pas de taille face aux puissances combinées de tous les autres. Il adopta donc un plan consistant à éliminer un par un ses rivaux. La stratégie clef de cette entreprise fut l’alliance avec les états lointains à l’heure d’attaquer ceux qui étaient voisins. Elle fut proposée par Fan Sui le fameux homme d’état de cette époque. L’application avec succès de ce plan mena à l’unification de la Chine sous la dynastie Qin.

 

Même une puissante armée ne peut se permettre de mener plusieurs batailles en même temps. Cette stratégie recommande donc au chef de guerre de traiter avec ses différents ennemis les uns après les autres. Ainsi vous êtes prévenus contre la tentation de rechercher des gains superficiels qui n’amènent aucun profit concret. En lançant une expédition contre un pays lointain, vous pouvez gagner une grande renommée. Mais la campagne sera à la fois coûteuse et risquée. Même si elle se déroule favorablement, on ne peut espérer conquérir et conserver le moindre pied de terre. Il est préférable d’attaquer un état voisin tout en s’assurant de bonnes relations avec les pays lointains afin qu’ils ne puissent pas secourir l’agressé.

 

 "Demander passage pour attaquer Guo"

 

 Aide le faible lorsqu’il ne peut vaincre sans aide.
De simples mots ne le sauveront pas ; l’action parle plus fort que les mots.

 

 Un petit état se trouve coincé entre deux voisins puissants. Si l’un d’eux essaie de l’amener à se soumettre, l’autre sera capable d’en prendre le contrôle sous prétexte de l’aider. Celui qui parle n’est pas entendu.*

 

La bataille dont est tirée cette stratégie eut lieu durant la période ""Printemps et Automne" quand la guerre avait évolué d’un sport saisonnier pour les nobles en une technique conçue pour gagner pouvoir et ressources. Dans l’intention d’annexer Yu et Guo, deux petits voisins, le puissant état de Jin (Tsin) demanda d’abord un passage à Yu pour attaquer Guo.

 

Après la conquête de Guo, les troupes de Jin attaquèrent et détruisirent Yu lors de leur retour.

 

Cette stratégie indique que l’on doit adopter des solutions au coup par coup quand on est confronté avec plus d’un seul adversaire. Même un état très puissant ne peut se permettre de mener deux guerres de front. A l’heure de dresser des plans de conquête, il ne faut choisir qu’un adversaire à la fois. Ce pourra être l’attaque d’un voisin tout en maintenant de bonnes relations avec les états lointains, comme dans la stratégie précédente, ou bien ce pourra être demander un passage à un état voisin pour en attaquer un distant.

 

 "Voler les poutres
et échanger les piliers"

 

Sabote, immobilise ou détruit ton adversaire en lui ôtant la clef de son soutien.

 

 Pousser l’ennemi à changer fréquemment son dispositif de bataille, disloquer sa force principale et faire souffler un vent de panique lorsqu’il est proche de la défaite. Stopper la roue.*

 

Depuis la plus haute antiquité les "formations de bataille" sont une caractéristique de l’histoire militaire de la Chine. Une formation typique possède un "axe central" (poutre du Ciel) s’étendant de l’avant à l’arrière, et un "axe horizontal" (pilier de la Terre) mettant en relation les flancs gauche et droit. Les deux axes, composés des meilleurs combattants, servent à maintenir la cohérence de la formation. Quand elle est assaillie, une formation ne cèdera le passage qui lorsque ces deux axes seront disloqués. Par conséquent, l’attaquant devra employer un groupe de choc pour briser la formation adverse et en déplacer les axes. Il peut aussi user de ruses pour semer le désordre dans la structure ennemie avant de lancer une attaque frontale.

 

Cette stratégie fait également référence à un principe général : semer la confusion dans les rangs ennemis avant de l’engager dans la bataille. De cette façon, vous pourrez mettre à nu et combattre le centre vital du dispositif de l’adversaire.

 

 

 

 

 

N.B. : D’autres commentateurs comprennent ce stratagème comme une invitation à
démembrer l’armée de vos propres alliés afin :
1. de vous accaparer leurs troupes d’élites
2. de contrôler leurs forces pour qu’ils ne puissent se retourner contre vous,

 

"Ceci est la meilleur tactiques lorsque l’on doit combattre un ennemi aux côtés
d'un autre ennemi que l'on souhaite annexer."

 

 "Injurier l’acacia en désignant le mûrier"

 

 le fort utilise les punitions pour amener le faible à la soumission.
La sévérité adéquate porte ses fruits,
une action risquée ne rencontrera pas d’obstacles.

 

 Le fort utilise les punitions pour amener le faible à la soumission. La sévérité adéquate porte ses fruits, une action risquée ne rencontrera pas d’obstacles.*

 

Dans la famille chinoise antique, une concubine insatisfaite de la domination exercée par la première épouse n’ose généralement pas l’affronter de face. Elle peut à la place chercher avec l’aide d’une servante de la première épouse une faute qui lui soit imputable. C’est une application domestique du vingt-sixième stratège.

 

Dans un contexte militaire, cette phrase véhicule une idée similaire à celle du dicton chinois bien connu : "Tuer la poule pour effrayer le singe". Comparé à la poule, le singe est bien plus difficile à tuer, mais il peut être amené à la soumission par la frayeur suscitée par la mort de ladite poule. Plus fréquemment, on tue la poule pour effrayer tout un groupe de poules, singes, ou autres.

 

Un commandant militaire peut effrayer jusqu’à la soumission deux types de personnes : ses propres troupes ou bien un groupe puissant sans allégeance formelle. Dans ce dernier cas, il doit avoir un moyen de pression sur ceux qu’il entend apeurer. Ainsi, par exemple, quand le dirigeant de l’alliance de plusieurs groupes de bandits veut amener les chefs des différents groupes à une soumission totale, il peut isoler le plus puissant de ceux-ci et le détruire entièrement. Il ne choisira pas de les détruire tous, en partie parce qu’ils lui sont utiles, mais aussi principalement parce que cela serait au delà de ses forces de les combattre tous ensemble. A l’exception du premier empereur des Qin, la plupart des fondateurs de dynasties en Chine adoptèrent cette stratégie pour éliminer leurs principaux rivaux.

 

Ce plan peut aussi être utilisé pour renforcer la discipline militaire lorsque le commandant punit sévèrement quelqu’un que ses hautes relations rendaient irrespectueux des règlements et rebelle face à la hiérarchie.

 

 "Jouer l’idiot sans être fou"

 

 Laisse l’adversaire sous-estimer tes capacités.

 

 Feindre l’ignorance et ne pas bouger, vaut mieux que feindre la connaissance et faire des mouvements imprudents. Rester immobile et dissimuler ses propres intentions.

 

Les nuages et le tonnerre symbolisent la difficulté initiale.*

 

En temps de guerre, l’effet de surprise peut être obtenu soit par le secret, en adaptant vos manœuvres à celles de l’ennemi, soit par la duperie, en faisant en sorte que l’ennemi mésestime l’objectif de vos mouvements à découvert. Le secret est la méthode usuelle et elle est immédiatement applicable à grande échelle.

 

Celui qui n’est pas prêt à l’action peut entreprendre des manœuvres extravagantes pour distraire l’adversaire. Encore qu’une telle stratégie de "jouer l’idiot..." offre souvent à l’ennemi des indices pour détecter vos intentions réelles. En général, le dirigeant militaire essaie de se conformer à la maxime chinoise "Au repos soit tranquille comme une jeune vierge, en mouvement soit vif comme le lapin fraîchement libéré". Quand il n’est pas prêt, il fait l’ignorant.

 

Cette stratégie préconise également au commandant de ne pas expliquer ses ordres à ses hommes.

 

"Monter sur le toit et retirer l’échelle"

 

 Attire l’ennemi dans un piège, puis isole-le.

 

 Placer l’armée adverse dans une situation apparemment favorable, la pousser à avancer, la couper de toute coordination ou renfort, et la mener dans une impasse.

 

D’aucuns sont empoisonnés dans une situation impropre.*

 

Cette stratégie sous-entend l’utilisation d’une "échelle" dans le cadre d’un piège tendu pour annihiler l’ennemi. L’échelle fait référence aux moyens par lesquels l’adversaire est guidé jusqu’au centre du traquenard. Il peut s’agir de feindre l’épuisement si le commandant ennemi est arrogant, de l’appât du gain s’il est avide, ou de défaites répétées s’il est hésitant.

 

Ce plan peut aussi servir à discipliner vos propres troupes à la manière d’une autre expression familière (en Chine) : "briser les chaudrons et couler les bateaux". Confronté à des forces ennemies supérieures, vous pouvez placer vos hommes dans une position dépourvue de toute retraite et ainsi ils combattront de tout leur cœur. "La bête aux abois se bat jusqu’à la mort". Un commandant qui comprend cette stratégie est capable, avec des forces inférieures, de rivaliser contre un ennemi plus puissant que lui. Réciproquement, quand il assiégera un ennemi plus faible, il laissera une brèche dans l’encerclement pour empêcher que l’ennemi ne combatte avec "l’énergie du désespoir".

 

 "Sur l’arbre les fleurs s’épanouissent"

 

 Exagère afin de tromper ton adversaire,
laisse le croire que tu es puissant.

 

 Exploiter les forces externes (alliés) pour créer une situation favorable, ainsi une petite armée acquerra une grande force.

 

L’oie sauvage s’approche graduellement du chemin des nuages. Ses plumes peuvent être utilisées pour les rites.*

 

Attachez de très réalistes fleurs de soie à un arbre qui ne fleurit plus, et même les plus suspicieux le croiront capable de fleurir. En temps de guerre si vous manquez de puissance, vous pouvez avoir recours à des forces externes (conditions naturelles, alliés, ou même un ennemi particulièrement stupide) pour mener à bien cette stratégie. Au minimum, vous serez capable d’intimider ou de distraire l’adversaire et de retarder sur votre point faible. Et au mieux, vous pourrez transformer

 

 "Changer la position
de l’invité et de l’hôte"

 

 Pour changer de place ou de position,
renverse la situation..

 

 Saisir l’opportunité de faire un premier pas, puis s’emparer du coeur de l’adversaire. Avancer pas à pas*. Quand un hôte est si maladroit, qu’il ne sait pas comment recevoir un invité, ce dernier peut en arriver à dicter au nom de son hôte le déroulement nécessaire de la rencontre. Ainsi sont échangés les rôles respectifs de l’hôte et de l’invité. Cette expression peut aussi décrire une personne présomptueuse qui s’empare du travail d’un autre jusque dans ses propres mains.

 

Dans cette stratégie, il est recommandé à l’invité d’usurper le rôle de l’hôte. Par exemple, un seigneur de la guerre attaqué par des forces ennemies supérieures peut être contraint de rechercher l’aide de ses alliés. Il devra alors assumer le rôle de l’hôte, et, l’allié venu à son secours, agira comme l’invité. Devant la faiblesse de l’hôte, l’invité pourra secrètement subvenir l’autorité de l’hôte et prendre le contrôle de ses troupes. Cela fini, l’invité sera devenu l’hôte.

 

Dans le vocabulaire militaire chinois, l’invité fait référence au camp qui lance une attaque à l’intérieur du territoire de son adversaire et qui, par conséquent, assume le rôle de l’hôte en assurant la défense de son nouveau pays. Bien que conservant l’initiative d’être l’attaquant, l’invité souffre de nombreux désavantages. Il doit transporter des provisions sur de grandes distances, combattre sur un terrain inconnu, traiter avec une population hostile, et faire le siège de cités bien fortifiées. Un attaquant expérimenté peut trouver plusieurs voies surpassant ces difficultés. Il peut feindre la faiblesse et leurrer l’armée des défenseurs pour qu’elle s’aventure à l’attaquer à l’extérieur dans un lieu bien choisi. De cette façon, l’attaquant qui combat sur le territoire de l’adversaire peut faire de l’ennemi, son invité et obtenir l’avantage de la position de l’hôte pour lui-même.

 

"Le piège de la belle"

 

 Intoxique ou accapare ton ennemi avec une activité consommatrice de temps ou d’énergie, de la sorte tu diminueras son esprit combatif.

 

 Si les forces ennemies sont puissantes, essayer de subjuguer le général ; si le général est prudent, essayer d’anéantir sa volonté. Quand le général devient incapable et les soldats indolents, leur capacité de combat décroît.

 

Il est bénéfique de résister à l’invasion ; la sécurité peut être obtenue par l’unité interne.*

 

La guerre est une continuation de la politique, son résultat peut par conséquent être influencé par des manœuvres politiques à l’extérieur du champ de bataille. Il y a deux pratiques souvent adoptées par les dirigeants militaires du passé : l’usage d’agents doubles pour semer le trouble dans les rangs adverses, et l’utilisation de belles jeunes femmes pour faire perdre l’esprit au souverain de l’état ennemi.

 

L’histoire officielle de la Chine ancienne renferme bon nombre de cas de femmes dont la beauté était si irrésistible, qu’elles pouvaient renverser des royaumes. Envoyée dans un pays hostile, une telle beauté sans égale a pour mission, non de recueillir des informations militaires, mais bien de corrompre le souverain en le faisant succomber à des plaisirs lascifs pour qu’il néglige les affaires de l’état.

 

L’homme, de nature Yang (fort et rigide), combat avec ses poings. La femme, de nature Yin (faible et souple), use de ses sourires et de ses larmes. Comme le ruissellement de l’eau qui use même la pierre la plus dure, le faible peut subjuguer le fort. Cette stratégie insiste donc sur le principe général de l’emploi du faible contre le fort, le "piège de la

 

 "Le piège de la ville vide"

 

 Fait naître le doute dans le camp adverse en lui présentant quelque chose de vraiment simple ;
laisse l’ennemi surestimer tes capacités.

 

 Afficher une apparence faible lorsque l’on est en position de faiblesse, créera le doute chez un ennemi déjà dubitatif. Utilisé par le faible contre le puissant, cela fera mieux que les meilleures ruses.

 

La duperie, en temps de guerre, vise à donner une fausse impression de vos propres forces et intentions à l’ennemi. La pratique habituelle consiste à simuler la faiblesse quand vous êtes puissant et la puissance lorsque vous êtes faible.

 

Mais ce genre de ruse est devenu un tel lieu commun que même un commandant de capacité moyenne ne prendra pas pour argent comptant l’apparence extérieure de son adversaire. Il en résulte la nécessité d’une mise en oeuvre inhabituelle de ce plan au moyen de l’étalage effectif de vos forces et faiblesses. La duperie est alors consommée lorsque l’ennemi prend ce qu’il voit pour de fausses apparences.

 

Le schéma de la ville vide est un plan risqué, adopté uniquement dans les situations désespérées pour intimider pour intimider l’ennemi en lui révélant vos propres faiblesses . Cette stratégie est d’ordinaire utilisée quand une ville faiblement défendue est subitement encerclée par une force ennemie plus puissante. Quand les défenseurs de cette ville s’aperçoivent que leur résistance ne leur permettra pas de tenir jusqu’à l’arrivée des renforts ; ou quand une tentative de sortie se solderait par une annihilation totale du fait des poursuites ennemies : alors bien-sûr, ils peuvent dresser de nombreuses bannières de guerre le long des murs et battre bruyamment les tambours de bataille, mais pour un ennemi rusé une telle démonstration de puissance est précisément un signe de faiblesse. C’est en de tels moments qu’ils doivent décider de se tourner vers ce plan. Les soldats seront ôtés des murs de fortifications, on ouvrira les portes de la ville et on ordonnera au peuple de ne faire aucun bruit. Soupçonnant un piège l’ennemi n’osera avancer pour attaquer. Idéalement, il sera effrayé au point de s’enfuir. A cause du danger impliqué, cette stratégie ne sera utilisée qu’uniquement en cas d’urgence absolue lorsque aucun autre moyen de se défendre n’aura été trouvé et, de préférence quand le général

 

 "Le piège de l’agent double"

 

 Pour répandre de fausses informations, sème méfiance et dissension parmi tes adversaires ;
jette le trouble et la confusion chez l’ennemi au moyen de ses propres contre-espions.

 

 Amener l’ennemi dans son propre piège.

 

L’union intérieure ; on ne s’égarera pas soi-même.*

 

Quand vous détectez un agent ennemi, vous pouvez le faire arrêter puis lui offrir vos plus belles concubines, et ainsi obtenir des informations sur les forces ennemies. Ou bien, comme le prône cette stratégie (polysémie de Jiàn, Cf. annexe I), vous pouvez feindre l’ignorance, donner de faux renseignements à l’espion et le laisser partir faire son rapport au commandant adverse. Prenant ces informations pour des faits, l’ennemi aura un jugement faussé de la situation et ainsi commettra des erreurs stratégiques dans ses plans de bataille.

 

Cette stratégie met en valeur le principe de base consistant à feindre l’ignorance lorsque l’on est en fait bien informé. La connaissance est un élément vital de la force militaire, et vous devez généralement dissimuler vos forces jusqu’au moment de l’action décisive. Lorsque vous étudiez les manœuvres secrètes de l’adversaire, il vaut mieux simuler, ne rien savoir et en même temps prendre les contre-mesures qui s’imposent avec la plus grande discrétion.

 

"Faire souffrir la chair"

 

 Absorbe tes pertes pour gagner la confiance ; inflige-toi une blessure pour susciter des confidences.

 

 Les hommes ne se blessent pas eux-mêmes, la blessure est la preuve du statut de victime. Les activité d’espionnage peuvent être menées à bien lorsque l’ennemi prend pour véritable une fausse blessure.

 

Le jeune fou se soumet, bonne fortune.*

 

Pour permettre qu’un agent gagne la confiance de l’ennemi, vous pouvez le punir sévèrement en public, le jeter en prison et lui permettre ensuite secrètement de s’échapper pour rejoindre le camp adverse. Ainsi cet homme aura les faveurs de l’ennemi et pourra l’amener à sa propre perte de diverses façons allant de la délivrance de faux renseignements à l’assassinat du commandant adverse.

 

Dans un sens plus large, cette stratégie met en relief la méthode de la duperie par le biais de pertes auto-infligées. Par exemple, dans la primitive dynastie de Zhou (XI -VIII) un des dirigeants avait projeté d’envahir un état voisin. Tout d’abord, il fit exécuter un de ses ministres qui était un farouche partisan de cette invasion. Il en résulta, de la part de l’état en question, une perte de vigilance. Alors seulement, le dirigeant Zhou lança son attaque-surprise et détruisit en un seul combat son voisin.

 

Dans certaines circonstances vous envoyez d’abord un officiel de haut rang (ou mieux un noble de votre famille) pour négocier avec l’ennemi, le faisant ainsi se sentir en confiance. Alors seulement, vous lancez l’attaque éclair pour obtenir une victoire majeure (au prix du sacrifice de l’émissaire).

 

"Les stratagèmes entrelacés"

 

 Transforme la force de l’ennemi en faiblesse ; conduis-le jusqu’à ce que son orgueil le fasse chuter. C’est à dire qu’un jeu de stratagèmes liés (une série de stratagèmes) amène ton ennemi à la défaite.

 

 Ne pas affronter un ennemi aux multiples généraux et nombreux soldats. Affaiblir leur position en faisant en sorte que ces troupes se gênent et s’immobilisent elles-mêmes. Le général raffermit son pouvoir sur l’armée. Bonne fortune avec la bénédiction du ciel.*

 

Une victoire résulte souvent d’un plan de bataille circonspect consistant en plusieurs ruses interconnectées. Mis en oeuvre avec promptitude, ils entraînent un réaction en chaîne qui démoralise, affaiblit et, finalement défait les troupes ennemies. Typiquement deux opérations conjointes sont entreprises. La première vise à réduire la marge de manœuvre adverse, et la seconde à annihiler sa force effective.

 

Les stratagèmes entrelacés ont trouvé leur application la plus efficace dans les combats contre les unités de cavalerie, dont la puissance est évidemment liée à la mobilité. Confronté à l’ennemi dès le matin, vous pouvez le défier, le combattre et feindre la défaite. Après vous être replié à quelque distance, vous faites volte-face, lancez un défi et feignez encore une fois d’être vaincu et faites de nouveau retraite. Cherchant avidement l’action décisive, l’ennemi vous poursuivra résolument, sans prendre le temps de se reposer. Parallèlement, si vous avez au préalable planifié ces retraites successives, vous pourrez utiliser les intervalles pour nourrir et faire se reposer vos troupes. A la tombée de la nuit l’ennemi sera épuisé et affamé. Pour la dernière fois, feignez la défaite, et éparpillez des marmites de haricots cuits sur le sol. Quand la cavalerie ennemie arrivera, les chevaux seront attirés par l’odeur de la nourriture et s’arrêteront pour manger. Une grande victoire s’offrira à vous si vous contre-attaquez à ce moment précis.

 

"Courir est le meilleur choix"

 

 Opte contre ! Choisis de ne pas participer,
de ne pas jouer le jeu que ton adversaire joue.

 

 Eviter l’ennemi et préserver les hommes.

 

L’armée fait retraite. Pas de blâme*. Cela ne viole pas la pratique normale de la guerre.

 

Attaqué par un ennemi surpuissant, seules quatre alternatives s’offrent à vous :
- combattre jusqu’à la mort
- négocier la paix avec l’ennemi
- vous rendre
- fuir

 

Combattre jusqu’à la mort et vous rendre sont l’une et l’autre défaite totale, et négocier signifie une demi-défaite. Fuir devient dès lors le meilleur choix. En évitant la défaite aujourd’hui, vous gagnez l’opportunité d’une victoire demain.

 

Une armée ne doit combattre qu’au bon moment, au bon endroit, et contre le bon adversaire. Les images conventionnelles de l’armée victorieuse allant de l’avant et de l’armée vaincue se repliant sont trompeuses car elles entretiennent le mythe de la retraite honteuse.

 

Comme l’indique le Yi Jing (Cf. ci-dessous), la retraite, de même que l’avancée, sont des mouvements naturels lors de la guerre. Ainsi cette stratégie plaide pour l’adoption de la retraite comme meilleur plan lorsque la bataille doit être évitée.

 

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