De la géopolitique : Une histoire contrastée
1-Première phase : la géopolitique allemande, 1890-1945
En 1887, le grand géographe Friedrich Ratzel qui est déjà l’auteur d’une vaste Anthropogéographie (1882), publie en 1887 une Politische Geographie. C’est par la contraction de ces deux termes, sous la plume de Rudolf Kjellen, un juriste suédois (germanophile) devenu géographe, qu’est apparu quelques temps plus tard le mot Geopolitik. Cette géopolitique allemande s’est abusivement réclamée des thèses biologiques de Darwin, en prétendant qu’entre les peuples, existait une sélection naturelle, facteur de progrès, comparable à celle qui existe entre les espèces animales. Ce discours pseudo-scientifique connut un succès d’autant plus grand en Allemagne qu’il fournissait une commode « justification » scientifique à l’expansion pangermaniste. Aussi le terme de géopolitique ne fut guère utilisé par l’École géographique française qui s’était développée fin XIXe, à l’exemple de l’École géographique allemande.
Fort prisé dans les milieux dirigeants du Reich à la veille de la première guerre mondiale, le mot Geopolitik, après la défaite de 1918, trouva, par l’entremise des professeurs de lycée, un large écho dans l’opinion allemande pour la pousser à dénoncer les injustices du Traité de Versailles et préparer la revanche.
La géopolitique fut célébrée par les nazis comme « la science allemande » et ceux-ci en firent la justification prétendument scientifique des besoins d’» espace vital » du peuple allemand. La géopolitique fut aussi le grand argument du stupéfiant pacte germano-soviétique d’août 1939, Staline s’étant laissé séduire par l’idée d’un pacte continental, dont la première étape fut le partage de la Pologne. La gravité de cette erreur stratégique apparut aux Soviétiques en juin 1941, lorsque l’armée du Reich n’ayant alors plus rien à craindre à l’ouest (après la défaite française de juin 1940) se lança brusquement à la conquête de l’Union soviétique. Les SS entreprirent l’extermination des populations juives et slaves des territoires du futur Grand Reich, la génétique ayant été invoquée pour affirmer qu’il s’agissait de races inférieures ou impures.
( àsuivre)
Source d’analyse : cnrs.revues.org