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La Franc-maçonnerie américaine un facteur méconnu des enjeux de pouvoir géopolitiques

29 Octobre 2012 , Rédigé par Alain de KEGHEL Publié dans #Géopolitique

L’observateur français, aussi bien le citoyen que le politique, aborde rarement ce qui touche à la société américaine avec sérénité. Nous sommes fréquemment dans le registre du « rejet- fascination ». La Franc-maçonnerie américaine n’échappe pas, elle non plus, à ce phénomène, pas plus qu’aux visions souvent caricaturales d’un « pays monde » qui, en raison même de l’espace que de l’extrême diversité des microcosmes, des strates et des apports culturels, religieux et philosophiques, est complexe à cerner et donc à analyser.

Le rêve américain, celui de changer le monde en exerçant un « leadership consensuel », pour emprunter la formule à Zbigniew Brezinski, ne peut être compris si on n’intègre pas dans le raisonnement cet ensemble complexe fait d’espérance, d’histoire, de religions et de franc-maçonnerie. S’agissant de la Franc-maçonnerie, elle est depuis les débuts de la Nouvelle Angleterre, et donc bien avant la création des Etats-Unis, consubstantielle à la société américaine. Ce qui n’est d’ailleurs pas en contradiction avec un attachement viscéral aux religions dans un pays de trois cent millions d’habitants dont moins de deux pour cent seulement se reconnaissent dans la libre pensée. Là n’est pas le débat, mais c’est un élément fréquent d’incompréhension dans notre pays. Toujours est-il que le fait maçonnique compte et a toujours compté. Et ceci, même si officiellement, et pour des raisons historiques particulières au pays que nous verrons, les Francs-maçons affirment volontiers un détachement de façade par rapport aux faits politique et confessionnel. Il est patent, pour qui côtoie les acteurs au Congrès américain notamment, que cette posture est pure fiction. Par nature, et peut-être plus qu’ailleurs, le rôle de l’Ordre maçonnique, ou plus exactement des individualités y appartenant, est discret, à défaut d’être vraiment secret. Cela étant l’histoire et ses fluctuations n’épargne pas plus la Franc-maçonnerie américaine qu’il n’exonère les Eglises dont l’influence s’érode. Même si le facteur maçonnique demeure une réalité à prendre encore en compte, l’érosion de son influence réelle dans le monde « profane » est un fait objectif que nul ne saurait nier. On assiste à un recentrage qui n’est pas dénué d’intérêt et qui à lui seul pourrait faire l’objet d’un ouvrage d’analyse approfondie et nuancée.

Un bref aperçu historique est indispensable pour saisir toute l’ampleur de fait maçonnique au niveau national et régional dans l’hémisphère occidental, c'est-à-dire dans le continent tout entier. Les esprits, les mentalités, le cours de l’histoire et la géopolitique en ont été profondément imprégnés et souvent infléchis depuis les premières heures. Il suffit pour s’en convaincre de penser aux liens puissants entretenus depuis Washington avec les « Libertadors », tous Francs-maçons pour bouter l’Espagne hors de la « sphère d’influence naturelle » des Etats-Unis : Simon Bolivar, fondateur du Congrès de la Grande Colombie dont il fut Président et qui avait été initié au Grand Orient de France ; José Antonio Sucre, qui livrera avec succès bataille aux Espagnols au Pérou et au Haut Pérou, pays ensuite nommé Bolivie en hommage à Bolivar ; José Marti, le héros Franc-maçon cubain que Fidel Castro a érigé en symbole de l’affirmation nationale. Mais il est des faces moins vertueuses : la doctrine Monroe, édictée par un Président américain et Franc-maçon. Et plus près de nous, l’appui fatal apporté au Franc-maçon et général Pinochet…contre un autre Franc-maçon, chef d’Etat chilien au destin tragique : Salvador Allende. C’est dire toute la complexité du sujet.

L’HISTOIRE

Les premières loges dans les colonies américaines n’apparaissent de façon certaine et documentée que vers 1730. Mais il est probable que des Maçons aient émigré avant cette date. Soit ils ne s’étaient pas constitués en Loges, soit les documents des premiers Ateliers maçonniques ne nous sont pas parvenus car ils ont été victimes de vicissitudes et des incertitudes de l’époque des pionniers. Certains auteurs n’ont néanmoins pas hésité à spéculer sur une activité précoce et structurée de maçons anglais, écossais ou irlandais dans le « Nouveau Monde ». Nous préfèrerons nous en tenir aux faits établis et documentés.

Les annales de la « Grande Loge de Saint John » de Philadelphie comportent le premier document, daté du 30 juillet 1733, relatant la nomination par le Vicomte de Montagu, Grand Maître de la Grande Loge d’Angleterre, d’un Grand Maître provincial d’Amérique du Nord. Nous assistons alors aux prémices d’une activité maçonnique annonciatrice d’évolutions qui bientôt conduiraient à l’indépendance proclamée le 4 juillet 1776 à Philadelphie. En effet, Benjamin Franklin affirme très tôt l’identité américaine, y compris dans l’espace maçonnique, en éditant dès 1734 la première version américaine d’un texte maçonnique fondateur : les Constitutions d’Anderson. Il n’est pas excessif d’affirmer que des Maçons américains furent parmi les futurs artisans et acteurs majeurs de la fondation d’une nouvelle Nation américaine.

Ils figurent au nombre des pairs d’un « establishment » fondateur dont le rôle sera durable et l’influence profonde. Benjamin Franklin en fut l’une des figures les plus emblématiques. A la fois diplomate, écrivain, scientifique, inventeur, homme politique , fin stratège et homme d’affaires avisé, il fut tout à la fois un Franc-maçon américain de son temps les plus engagés dans une démarche intégrant et conciliant philosophie des Lumières et action politique. Vénérable Maître de la célèbre Loge « Les Neufs Sœurs », alors qu’il était Ambassadeur dans notre capitale, il y côtoya les Encyclopédistes qui en étaient presque tous membres et fut intimement mêlé aux grands enjeux de pouvoir au moment où se jouait une redistribution des cartes des puissances dans le monde. Nous verrons d’ailleurs un peu plus loin combien cet acteur précoce sera plus tard un important inspirateur des mouvements d’émancipation du colonisateur espagnol en Amérique latine.

Mais il serait erroné d’en conclure pour autant à l’unanimité du corpus maçonnique car la philosophie fondamentale de l’Ordre s’y prêterait fort mal contrairement à l’imagerie d’Epinal. En effet, ici point de « Grands Maîtres inconnus » qui régenteraient les consciences. La philosophie fondamentale de l’Ordre reposant sur la liberté de conscience, et le libre examen d’inspiration très protestante, l’objectif original des Loges est de « réunir ceux qui autrement seraient éternellement demeurés épars », pour reprendre la formulation du Pasteur James Anderson, rédacteur des Constitutions portant son nom. Il n’est donc pas surprenant que les Loges maçonniques américaines du XVIIIè siècle, comme celles de nos jours, furent traversées de courants contraires. Certains Maçons demeuraient attachées à la Couronne britannique. Les autres figuraient parmi les acteurs souvent les plus en vue de la « Révolution », c’est-à-dire de l’indépendance. Les turbulences qui traversent alors la société outre Atlantique n’épargnent donc pas les Maçons américains qui se querellent alors aussi sur des options doctrinales entre tenants de l’école des « Anciens » et de celle des « Modernes » dont il serait fastidieux et de peu d’intérêt d’exposer ici la signification.

MACONNERIE ET POUVOIR

Pour prendre la juste mesure de l’influence précoce considérable qu’a pu avoir la pensée universaliste maçonnique sur la société américaine, il suffit de visiter le Panthéon des hommes politiques, diplomates, militaires, penseurs, philosophes qui ont forgé cette jeune Nation. George Washington, premier Président des Etats-Unis, en est par excellence la figure emblématique et on ne compte plus le nombre d’ouvrages consacrés à ce pan maçonnique très remarqué de sa personnalité, ni les tableaux ou gravures le représentant en décor maçonnique posant la première pierre de l’édifice du Congrès. C’est un véritable culte que lui vouent les Maçons américains, au point d’avoir érigé un imposant mémorial à sa gloire sur un promontoire à Alexandrie, dans l’Etat de Virginie proche de la capitale fédérale. Depuis, la galerie des quatorze Présidents maçons qui se sont succédés, jusqu’à Gérald Ford, atteste d’une solide tradition. Elle semble pourtant s’être perdue à partir des années soixante-dix. Pour autant, croyance, religions et maçonnerie font bon ménage aux Etats-Unis. Le Président néo-conservateur George W. Bush, bien connu pour sa religiosité d’autant plus active qu’elle fut une révélation tardive, n’eut aucune hésitation à prêter serment lors de son investiture en 2001 sur la « Bible maçonnique »*), celle là même sur laquelle George Washington avait commis le même acte.

Notre compatriote La Fayette, lui aussi Maçon et jeune protégé de George Washington, s’il n’accéda pas aux responsabilités suprêmes, figure toujours au rang des héros de l’Indépendance ainsi que des Maçons connus et toujours adulés des Américains. Il n’est pas une localité américaine qui n’ait pas sacrifié au culte de sa mémoire en baptisant une rue ou une place de son nom. Il ne fut d’ailleurs pas le seul Français et Maçon à se distinguer à cette époque en Amérique. Il figure en bonne compagnie à côté de l’Amiral de Grasse vainqueur de la fameuse bataille de Yorktown qui devait donner le signal décisif de l’indépendance. C’est dire aussi combien faits d’armes, diplomatie et maçonnerie, constituent des liens précoces entre l’Amérique en devenir et la France. Ils n’en furent pas pour autant de véritables gages de relations sereines, nous le savons et c’est avec un regard toujours suspicieux que l’Oncle Sam observe la politique étrangère de notre pays dans son « back yard ». Tout comme notre revendication à être acteur régional au titre de nos Départements des Antilles et de Guyane. Or c’est cela et une volonté politique de notre pays, pas toujours clairement affirmée d’ailleurs, qui nous vaut le statut d’Observateur auprès de l’Organisation des Etats Américains, comme notre place dans d’autres organismes régionaux.

LES MOMENTS D’INCERTITUDE ET LE MOUVEMENT ANTI-MACONNIQUE.

La bonne appréhension du contexte nécessite de consacrer un bref développement aux incertitudes graves auxquelles la Franc-maçonnerie a été confrontée et qui ont profondément marqué les mentalités. En effet, l’enracinement religieux des Maçons américains ne les a pas exonérés de périodes difficiles et de grandes incertitudes. Vers 1820 émerge un « Parti Chrétien » dont le programme est ouvertement antimaçonnique. Cette formation prospère alors son fond d’inquiétude de nombreux pasteurs protestants percevant la Maçonnerie comme une force spirituelle rivale, susceptible d’empiéter sur le périmètre d’influence chrétien. Une mystérieuse « affaire Morgan », savamment orchestrée et instrumentalisée, devait conduire à des accusations jamais établies. Elle devait pourtant marquer le début d’un affrontement sans merci. Il s’en fallut de peu pour que, en 1830, le candidat du « Parti Chrétien », Thurlow Tweed, ne fût élu à la Présidence américaine, ce qui eut signifié l’interdiction des Loges dans le Nouveau Monde. Il est essentiel de connaître cet épisode de l’histoire américaine pour comprendre que par la suite, et jusqu’à nos jours, soucieux de ne pas s’exposer à un débat délicat avec les tenants du néo-protestantisme baptiste, les Maçons américains s’appliquent à composer avec les états-majors ecclésiastiques en tenant une ligne médiane très aseptisée. La conjugaison du fait religieux et de celui maçonnique est, en Amérique, une dimension que leurs amis européens, et français plus particulièrement, pétris de culture républicaine et laïque, ont quelque difficulté à saisir. Mais il ne faut pas perdre de vue que la société américaine s’est construite et structurée dès la première période du « Mayflower » autour du libre exercice religieux, pierre angulaire de la « laïcité américaine ». En effet, les premiers émigrants protestants venus des Pays-Bas ou d’Angleterre avaient souvent franchi le pas, essentiellement pour cette raison. Ils étaient à la recherche d’une nouvelle terre promise. Ce sont eux qui ont aussi forgé cette communauté « WASP » (White, American, Saxon, Protestant). Ils constituent le noyau dur et résistant d’une nouvelle aristocratie américaine de la côte Est dont sont issues les premières Loges. Aujourd’hui encore, et en dépit de l’œuvre de Martin Luther King, la ségrégation entre les Maçons descendants d’esclaves d’origine africaine et les autres, en majorité blancs, est un fait qui trouble l’observateur extérieur tant cette distinction est en flagrante contradiction avec le principe d’humanisme universel, aspect fondamental de la Maçonnerie.

Mais revenons un instant au fait religieux et à la relation qu’ont les Francs-maçons américains avec celui-ci. Le contexte religieux des origines, précédemment évoqué, continue de peser sur la société américaine contemporaine. Et ce malgré sa capacité extraordinaire à absorber les vagues d’immigration qui modifient considérablement les rapports démographiques au bénéfice des asiatiques et des latinos américains de surcroît plus natalistes. Un sondage effectué dans le cadre de la campagne présidentielle américaine de novembre 2004 confirmait une tendance constante : 95 % des Américains y déclaraient croire en Dieu. En dépit du principe ancré dans la constitution américaine de séparation de l’Eglise et de l’Etat, le mouvement de renouveau et de ferveur religieuse des « Born again », c’est-à-dire de ceux qui, comme le Président George W. Bush, sont « nés une deuxième fois » en trouvant la foi qu’ils affichent dans la vie publique, est un facteur dont le poids dans la campagne électorale républicaine n’a pas été négligeable. Les Maçons américains font partie intégrante de ce paysage et si l’observateur veut échapper à un lourd contresens, il lui faut éviter de céder à la facilité intellectuelle en tentant de rapprocher la démarche de Maçons américains, profondément déistes, de celle laïque, dominante chez les Maçons libéraux ou « adogmatiques » en Europe latine et catholique. L’Amérique protestante des « Pères fondateurs » n’a pas été confrontée au rapport de force avec le pouvoir temporel et spirituel, à l’exception près, mais fort différente, de la farouche querelle qui a opposé les Maçons jusqu’en 1984 à la puissante secte des Mormons. Celle-ci semble d’ailleurs avoir puisé certains éléments de sa « liturgie » dans des rituels maçonniques. Cette confusion des genres tout à fait douteuse n’était assurément guère propice à la sérénité.

Pour le reste, les baptistes, méthodistes, presbytériens ou épiscopaliens américains conjuguent sans états d’âme, pratique religieuse et un engagement maçonnique à caractère essentiellement caritatif et donc peu suspect de réflexions ésotériques sulfureuses. Seule l’Eglise catholique, dont l’influence aux Etats-Unis est loin d’être négligeable, et va même en s’accroissant avec l’afflux de populations latino-américaines, adopte une posture hostile face à ce qu’elle considère toujours être une cause d’excommunication ou pour le moins de refus des sacrements. Nombre de Francs-maçons catholiques américains, bien que transgressant cet interdit, n’en éprouvent pas moins un réel désarroi. Celui-ci est assez grand pour que des démarches aient été entreprises par des dignitaires maçonniques américains en 2000 pour tenter, en vain, d’infléchir la position du Vatican. Il n’aura sans doute pas échappé à la Curie romaine, dans son analyse lucide des enjeux, que le corps maçonnique américain, même s’il représente encore de puissants effectifs (estimés à quelque un million cinq cent mille membres aujourd’hui) a amorcé – à la différence de ce que nous pouvons constater par exemple en France- depuis plusieurs années déjà un déclin et qu’il est figé dans une posture frileuse, de plus en plus décalée par rapport à la société contemporaine. Les effectifs s’en ressentent. Des quelque quatre millions de Maçons que comptait le pays à la fin de la deuxième guerre mondiale, il ne reste même plus aujourd’hui la moitié. L’assiduité toute relative de ses membres conduirait à juger ces statistiques encore flatteuses. Les optimistes en tirent la conclusion que l’Ordre se régénère et ne conserve aujourd’hui que ses éléments les plus engagés ou les plus purs. Une analyse peut être plus réaliste y verra un véritable déclin qui pourtant ne signifie pas une « disparition annoncée ». Ce phénomène de déclin est lié à plusieurs facteurs. L’absence de message fort et capable de sensibiliser une jeunesse portant en elle le rêve messianique américain de changer le monde, semble en être un essentiel. Les Maçons américains sont confinés dans un univers où sont proscrites toutes réflexions politiques ni mêmes sociétales. Dès lors, est-il surprenant que la jeunesse américaine ne soit guère attirée par un corps proposant en quelque sorte un substitut ou simulacre de religion?

LA POLITIQUE AMERICAINE ET LE FAIT MACONNIQUE

Pour autant, il ne faut pas méconnaître l’influence politique des Maçons élus au Congrès américain, même s’il est difficile de mesurer celle-ci avec précision. Toutefois, la prépondérance croissante du Congrès sur la scène politique américaine – et ce phénomène a encore été accentué par la récente victoire électorale des Démocrates en 2006 - permet de supposer que, finalement et pour autant qu’ils auraient un message spécifique à délivrer, ces élus Maçons pourraient peser d’un certain poids. Mais rien ne corrobore une telle hypothèse qui relève de nos jours des fantasmes entretenus par ceux qui ignorent les réalités. Cette influence ne se retrouve pas non plus au plus haut niveau de l’Etat. Gérald Ford fut, nous l’avons vu, le dernier Président Maçon. Mais la proximité politique de la majorité des Maçons avec le parti républicain est une constante dont les pages les plus glorieuses ne furent certes pas écrites à l’époque du Maccartisme, ni par le tant redouté et peu scrupuleux chef du FBI, Howard.

L’Amérique a certes démontré qu’elle est, par excellence, comme Alexis de Tocqueville l’avait si bien analysé dans son remarquable ouvrage « De la Démocratie en Amérique », un laboratoire d’agrégation de la chose nouvelle. Le courant maçonnique américain n’en est aujourd’hui certainement pas, ou plus, la meilleure manifestation. La posture qu’adoptent les gérontes qui la dirigent, dépourvus de toute volonté ni capacité à animer l’Ordre, ni à conduire aucun débat d’idées, ne paraît pas être annonciatrice d’un futur radieux. Ceux qui pourraient contribuer à forger la conscience américaine dans les grands débats ont cédé le pas aux « Think Tanks », ces réservoirs de stratèges et de prévisionnistes qui préparent l’avenir sans y ajouter nécessairement ce zest d’humanité, comme élément pivot, que revendiquent les adeptes de la démarche maçonnique. Au moment où la chose économique tend, un peu partout à l’échelle planétaire, à prendre le pas sur l’humanisme et la spiritualité, le champ laissé libre par la Maçonnerie américaine ne peut être occupé que par ceux qui ont un message doctrinal à proposer. C’est ce qu'ont bien compris les responsables religieux néo-protestants nourris d'une eschatologie pré-millénariste appelant au rassemblement. C’est ici un constat sans acrimonie et dépassant les clichés. Le déficit de dialogue et d’écoute tolérante, respectueuse des options différentes, surtout depuis le 11 septembre 2001, recèle de fortes potentialités de tensions auxquelles la démarche maçonnique aurait des pistes de réflexion à proposer. Il faut donc espérer un sursaut. Peut-être, dans ce grand pays où tout est possible, le signal donné par les électeurs lors des élections législatives de novembre 2006 en constitue-t-il les prémices ? Il reste à souhaiter que ceux des Maçons américains qui sont conscients de ces enjeux, oseront apporter leur concours à préserver l’Amérique et le monde des incertitudes d’une aventure messianique dont l’engagement porteur de tous les risques au Proche-Orient, et pas seulement en Irak ni en Iran, autorise à s’inquiéter.

Source : http://sog1.free.fr/Articles/ArtdeKeghel207.04FM.usa.htm

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